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grelotter. — Le soir, dîner chez le Dr Fauvel. — MM. Danglars, Mangin, etc.

Lundi 18. — Partis le matin (après avoir attendu deux heures, à l’Hôtel d’Angleterre, avec M., Mme Constant et leur fils, le « petit femme grecque », MM. Portier, Pélissier qui trimbale ses bottes, et Mme Navie, grosse femme arménienne, plaquée de fard et qui fait l’œil jouisseur quand on passe devant elle), Hamelin (des Andelys), Hoffmann, docteur en droit, vêtu d’un tarbouch porté sur le derrière de la tête. Nous entrons dans le Vieux Sérail par la porte de Top-Kapou (= porte du canon), longue avenue plantée ; les arbres sont enguirlandés de vigne. Après avoir défait nos chaussures, nous montons dans les appartements, pièces ovales donnant sur le Bosphore. On voit naviguer à pleines voiles les vaisseaux. Aux murs, pilastres en plâtre, rideaux de mousseline ; housses en perse ou en calicot, ameublement et ornementation mesquine, qui jure avec la délicieuse forme architecturale des appartements et leur position. — Galerie longue, sur le mur de laquelle gravures modernes et un tableau de Gudin. — Salles de bain en marbre blanc, robinets de cuivre (!) ; c’est du reste ce qu’il y a de mieux, avec une pièce du rez-de-chaussée où il y a divan et vasque au milieu.

Les jardins, compris entre les différents corps de bâtiment du Vieux Sérail, sont taillés en petits jardinets rococo. Rien ne répond moins à l’idée du jardin oriental, mais rien ne répond mieux à celle qui nous est représentée dans les gravures anciennes, où l’on voit le sultan avec l’odalisque, existence resserrée, mesquine, fardée, sans gran-