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taire, à cause de sa petite forteresse, on ne peut entrer à Marmorisse après le coucher du soleil ; nous passons la nuit à bord, moi sous l’arrière.

Marmorisse. — Mardi 15, visite à Méhémet-Dar, gros bonhomme, grand, replet, nez aquilin, barbe du samedi. Nous avons pour lui une lettre du pacha de Rhodes. Nous le trouvons assis sur une estrade donnant sur le fond du golfe. Il est tranquille comme un lac et tout entouré de montagnes boisées. — Latrines publiques sur la berge avec un courant d’eau. — Pendant que nous sommes chez Méhémet-Dar, visite du nazir de la Douane, à qui son fils, habitant de Rhodes, vient d’envoyer une barrique d’eau-de-vie. C’est chez lui, près d’une grande cheminée et sur un tapis de feutre, que nous nous habillons et déjeunons avant de partir.

La route commence par monter et descendre entre des sapins, à peu près comme à Rhodes. — Grande plaine entre des montagnes. — Quelques chameaux, mais le chameau, là, n’est plus dans son pays, il m’y plaît moins. — Une rivière entourée d’arbres, qui retombe en s’élargissant dans les bouquets. — Beaucoup de vigne sauvage, elle dévore les autres arbres et leur fait des couvertures de sa verdure ; quelquefois elle s’étend sur un arbre mort qui ne sert plus qu’à la supporter ; d’autres fois cette verdure suit à la file tous les arbres et compose ainsi, avec eux, des haies consécutives démesurées.

Halte : un moulin, un gourbi ; des nègres font marcher nos chevaux en sueur. Nous repartons à 2 heures et demie, montée, descente ; à notre gauche, ruisseau, une plaine ; au bout, à gauche,