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« Les jardins, à Tibériade, étaient des massifs de grenadiers, de citronniers, d’orangers » (p. 66). Les orangers datent du xiie siècle.

« Dans nos sociétés établies sur une idée très rigoureuse de la propriété, la position du pauvre est horrible ; il n’a pas, à la lettre, sa place au soleil. Il n’y a de fleurs, d’herbes, d’ombrage que pour celui qui possède la terre. En Orient ce sont là des dons de Dieu qui n’appartiennent à personne ; le propriétaire n’a qu’un mince privilège, la nature est le patrimoine de tous » (p. 151).

« Telle est la faiblesse de l’esprit humain que les meilleures causes ne sont gagnées d’ordinaire que par de mauvaises raisons ; exemples : Moïse, Mahomet, Colomb » (p. 259).

La maladie qui fit la fortune de Mahomet était Hysteria muscularis de Schœnlein.

« La société, n’étant plus sûre de son existence, en contracta une sorte de tremblement et ces habitudes de basse humilité qui rendent le moyen âge si inférieur aux temps antiques et aux temps modernes » (p. 286).

« Les continuateurs de Jésus sont ceux qui semblent le répudier ; toutes les révolutions sociales sont entées sur “le royaume de Dieu”, les rêves d’organisation idéale de la société ressemblent aux aspirations des sectes chrétiennes primitives » (p. 287).

Préoccupation de Lamennais que Renan regarde comme un très grand homme : « Cet homme, qui était dans le commerce de la vie d’une grande bonté, devenait intraitable jusqu’à la folie pour ceux qui ne pensaient pas comme lui » (p. 326).

Amour du peuple. — « Le peuple, dont l’instinct est toujours droit, même lorsqu’il s’égare le plus fortement sur les questions de personnes, est très facilement trompé par les faux dévots » (p. 329). « Comme tous les grands hommes, Jésus avait du goût pour le peuple » (p. 184).

« Comme il arrive toujours dans les grandes carrières divines, il subissait les miracles que l’opinion exigeait de lui bien plus qu’il ne les faisait » (p. 360).

« Le souffle de Dieu était libre chez eux ; chez nous, il est enchaîné par les liens de fer d’une société mesquine et condamnée à une irrémédiable médiocrité » (p. 449).