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tagnes noires, de médiocre hauteur ; la mer foncée, marmora ponti est une expression réaliste. On ne sait pas très bien où est Stora. — Un petit officier de cavalerie ressemble un peu à Pendarès. Une femme de chambre sylphide, avec un œil à demi clos, a été dans l’Inde : chapeau de soie puce, éreinté. Les émigrants sont toujours sous le capot, pêle-mêle ; les troupiers enveloppés dans de grandes couvertures grises, comme des cadavres. Le navire se balance et balance tout cela monstrueusement. Un Russe, grande redingote (M. Suc), très malade, l’air rébarbaratif ; son compagnon, grand, blond, un peu sot, répète : « Les hommes forts sont plus malades, tandis que les faibles supportent mieux ; ainsi, moi. » Mais la plus belle balle, c’est un bourgeois hideux, le Ferrand des Mystères de Paris, cravate blanche, habits noirs fripés, chapeau blanc très haut et défoncé ; couturé de petite vérole. Une destinée ignoble est gravée là : il a fait tous les métiers et il doit être ou maître d’école ou pharmacien ; il tire de sa poche un grand portefeuille.

Débarqué dans une barque maltaise qui est de Naples ; l’homme qui la conduit a de gros favoris, nez de vautour, il sourit ; ses cheveux noirs sont par petites mèches, comme des paquets de ficelles goudronnées.

Hôtel des Colonies. — Télégraphe, une mosquée à droite. Pour y aller, « Maison de la porte de fer » avec 2 pots au premier qui contiennent des fleurs, m’a l’air d’un b..... — Des Arabes couverts de grands linges grisâtres ; un, surtout, un vieux, chassant un âne qui porte des fagots.

La rue principale a des arcades genre rue de