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tête, sa chevelure, la coupe en verre du Silène, et le vin qu’elle verse, tout cela est à peu de chose près du même ton, c’est de la lumière qui se joue là dedans. Le sein de la Bacchante, rond et pesant, est sorti de sa robe rouge dans le mouvement qu’elle fait en levant le bras pour verser ; sa bouche est petite, rose, ouverte ; son nez assez fin, pointu, aux narines très remontées.

Dans les plis des ombres des chairs du Silène, tons ardoise ; aux endroits lumineux, tons de brique ; c’est là de l’admirable viande, de la graisse ferme et en pelote serrée sous la peau.

La tête renversée du Faune qui boit, vue en raccourci par derrière (celle du petit Faune l’est de profil), est en plein frappée du soleil. Admirable cambrure crâne de l’enfant qui pisse.

Tableau dont on ne peut se détacher et qui attire à soi chaque fois qu’on veut sortir de la salle.

Carlo Dolci. La sainte Marie-Madeleine. — Tenant une urne ou un vase de baume sur son cœur. Est une chose ennuyeuse et prétentieuse, quoique la tête indépendamment soit belle ; mais cette femme, pressant avec amour un pot, ça semble niais.

Rubens. Portrait d’Hélène Fourment, sa seconde femme. — Elle tient un fil de perles dans la main, elle a autour du cou un petit collier de perles, une grande collerette blanche empesée remonte derrière elle ; corsage et manches jaunes à crevés ; chevelure très blonde, sans prétention ; des yeux noirs ou du moins brun très foncé, ce qui contraste avec ce teint si blanc et si rose et ces cheveux si blonds. Les sourcils, quoique blonds, suffisamment fournis et très dessinés ; fossettes au