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guère ces coquilles, lorsqu’elles étaient au fond de la mer, que, suspendues à l’oreille des chameaux, elles voyageraient par les plaines, les montagnes, le désert !

Nous trottinions dans la plaine, quand nous avons vu venir devant nous, allant vers Salikli, à une cinquantaine de pas à droite, un groupe de cavaliers escorté de beaux lévriers. Stéphany les appelle, ils viennent à nous. Le lévrier qui me fait le plus envie avait un collier de coquilles blanches et coûterait 600 piastres si on voulait le vendre. — Maxime achète un cheval blanc moyennant 275 francs. Nous continuons. — Halte à un café, où nous mangeons une pastèque. — Maxime a reçu à la jambe un coup de pied du cheval que montait Sassetti. — Nous cheminons toute la journée côte à côte ; des roseaux à tige blanche et à cime violet pâle s’agitent au vent, toute la journée il a fait du vent ; à gauche, petites montagnes bleues. Arrivés à Cassaba à 4 heures.

Cassaba. — C’est un très grand village, au milieu de la plaine, entre la verdure. Pour entrer nous passons par de longues rues étroites et boueuses : rues larges, bazars en bois, marché aux fruits ombragé d’un grand arbre ; on sent vaguement que l’on est près d’une grande ville, il y a plus de monde, c’est plus ouvert, plus animé.

Logés au khan, fort grand. — Jolie levrette avec ses petits, que l’on habille le soir. — Dîner avec beaucoup de plats. Nous sommes dans une petite chambre à escalier séparé, à gauche en entrant dans le khan. — Nuit bourrée, hérissée, échevelée de puces ! je n’en ai jamais tant eu, ni de si grosses ! mon lit donne sur la niche des