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meaux, le dernier portant un énorme tocsin ; un surtout avait de formidables bouquets de poil au haut des fémurs et des espèces de fanons qui lui pendaient du cou ; il crie quand nous passons près de lui.

Çà et là, tentes de Turcomans.

Une demi-heure après Iasoulouk, une rivière fait un coude ; elle est, en cet endroit, large et assez dénudée, c’est le Méandre. Au delà, montagnes grisâtres, mont des Chèvres, très ardu, avec une forteresse dessus, à gauche lorsqu’on s’en va d’Iasoulouk, de l’autre côté du fleuve. Rencontre de chameaux dans un chemin creux, qui nous barrent le passage ; l’enfant qui les conduit, voyant que nous les brutalisons pour passer, hurle de peur, sans doute à l’aspect de nos mines et de nos fusils. Une heure avant d’arriver à Tyra, temps de galop ; j’avais un excellent petit cheval gris sale, à crinière abondante éparpillée sur son cou.

Tyra. — À l’entrée de Tyra, platane démesuré, cinquante hommes avec leurs chevaux y tiendraient à l’ombre ; si ce n’est cinquante, plus de trente à coup sûr. Nous sommes un quart d’heure à traverser la ville, où tout est fermé ; la lune levante brille dans la cour d’une mosquée auprès de laquelle nous passons, sur notre gauche.

Au Séraï, nous sommes reçus dans la salle des officiers. — Amabilité de ces messieurs, on crie en turc et en grec, tapage superbe à l’occasion de la route des moucres. Une négresse, vêtue de blanc et se voilant, entre, en se cachant et essayant de se fourrer dans la muraille, c’est une esclave qui vient de s’échapper de chez son maître et qui se réfugie ici. Le chef des moucres de Tyra, gros