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Christ et sur le casque et le bras gauche d’un soldat armé (bel effet) qui se penche pour relever la croix.

Dans la galerie du Prince de Salerne :

Un Napoléon (atroce croûte) coiffé de lauriers, nu et tenant la foudre à la main ; ça vient du palais de Murat.

Une Joséphine, en robe de velours grenat, sourcils noirs épais et longs, bouche très rose, petit air polisson et sensuel.

Ingres. Françoise de Rimini. — Détestable, sec, pauvre de couleur ; le col du jeune homme qui va pour embrasser Françoise n’en finit.

Gérard. Les trois âges de la vie. — Peinture à faire périr d’ennui ; très léché, très soigné. Joli pied de la femme (tête de Marie-Antoinette ou dans ce genre) apparaissant sous la draperie ; le crâne de l’enfant reposant naturellement sur elle très bien dessiné. Le jeune homme, le torse tourné, assommant, avec sa chevelure frisée. Quelle prétention ! quelle pose ! quel froid ! il gèle à 36° dans cette école ! Aimait-on peu le soleil sous l’Empire !

Ribéra. Silène ivre, couché à terre et entouré de satyres. — Très beau. Silène, tout nu. Ce n’est pas Silène, la figure est toute espagnole, noire, au lieu d’être rouge, le nez non camus, l’œil rond, ouvert, et singulièrement pur et beau ; il est tout rasé, tons bleuâtres de la barbe ; il tend la main pour qu’un satyre lui verse à boire dans une coquille ; ventre trop rond, trop hydropique, trop dur. La cuisse gauche, à plis, très belle, quoiqu’il me semble que le second pli se rapproche un peu