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Jolie petite mosquée près des cafés, à côté de la fontaine et du cimetière, ombragée de deux frênes énormes. Le portail a des colonnes antiques ; sous les arcs, système de gouttières et de bâtons alternatifs qui, de face et de trois quarts, fait le plus joli effet du monde. Le minaret, comme celui de la grande mosquée, est en forme de colonne évasée par le haut, il est de même ornementé de macaronis blancs qui courent sur les briques. La mosquée est bâtie avec des morceaux de pierres et de marbres ; chaque morceau est encadré de deux briques ; un peu plus haut, croisillons, comme dans toute l’architecture arabe. Sur les stèles plates des tombes, on peut étudier l’ancienne forme des turbans ; le turban en rouleaux longitudinaux oblongs s’arrête net au milieu du tarbouch, qui le surmonte de beaucoup. Au-dessus de quelques tombes, un petit trou pour observer les oiseaux. (J’ai vu cela en Bretagne, mais c’est pour y mettre de l’eau bénite.) Ces tombes, de côté, dans tous les sens, ont l’air de cartes blanches, fichées en terre et qui vont s’abattre ; très belles écritures dessus.

Les coiffures de ces pays sont démesurées ; la quantité de rouleaux que l’on se contourne autour du chef monte si haut et est si lourde, que notre moucre est obligé de les retenir par une ficelle mise de côté.

À 1 heure moins 5, nous partons d’Iasoulouk. La route va entre des makis de ligaria et de menthes, le vent les courbe, quand nous passons près des arbres le feuillage frémit ; toute la journée le ciel fut sombre. Axiome : c’est le ciel qui fait le paysage. Au sortir d’Iasoulouk, caravane de cha-