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Dimanche 26. — Journée pénible et pluvieuse.

En partant de Corinthe, on marche quelque temps dans le sens de la plaine, puis on tourne à gauche et la route monte. Un torrent jaune à droite, l’eau tombe du haut d’un rocher. — Moulin de la Veuve. — Après avoir traversé un ruisseau le long duquel on marche longtemps pour trouver un gué, on se trouve bientôt dans une espèce de lande mamelonneuse dont la route suit les inégalités.

Hauteur, plaine sous nous, le terrain remonte une autre montagne.

Au milieu de cette plaine, à droite de la route, trois colonnes, chapiteau dorique, cannelées, du temple de Jupiter Néméen ; la pierre est grise, fort laide, très rongée ; tout autour des colonnes, ruines amoncelées ; à cinquante pas plus loin, ruines d’une petite chapelle construite avec des matériaux antiques. La petite plaine où est le temple est très unie, plate et propre à des jeux.

La route remonte. Il pleut si formidablement que je ne vois rien ; engourdi par le froid, j’ai à peine la force d’ouvrir les yeux. On traverse un ruisseau derrière lequel est immédiatement le petit village de Dervenati, que l’on aperçoit tout à coup en descendant une colline.

La route se resserre et va dans des gorges basses, qui se succèdent les unes aux autres. Pluie, pluie ! on finit par arriver sur une hauteur d’où l’on découvre un grand horizon : à droite et à gauche, montagnes ; devant vous, le terrain s’abaisse en une grande plaine qui va jusqu’à la mer ; tout au fond, une espèce de rempart, c’est Naupli ; Argos est de l’autre côté, à droite, au bas de son acropole.

La route descend, nous prenons à gauche, à