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aux environs de la ville, palmiers avec leurs grappes de dattes. La comparaison de Sancho, dans les Noces de Gamache : « Ô la belle fille qui s’avance avec ses pendants d’oreilles, comme un palmier chargé de dattes » me frappe par sa justesse.

À la sortie de la ville, le désert commence. Monticules de sable çà et là, quelques palmiers isolés. La route monte et descend légèrement, il n’y a pas de chemin, on suit la trace des chevaux et des ânes. — De temps à autre un Arabe sur son baudet, les plus riches ont de grands parapluies sur la tête. — Une file de chameaux conduits par un homme en chemise.

Femme voilée d’un grand morceau de soie noire toute neuve, et son mari sur un autre âne. « Taiëb », et l’on répond « taiëb taiëb » sans s’arrêter. — Tableau : un chameau qui s’avance, de face, en raccourci, l’homme par derrière, de côté, et deux palmiers du même côté, au troisième plan ; au fond, Je désert qui remonte. — Premier effet du mirage. — À notre gauche, la mer.

Aboukir à gauche, à l’extrémité d’une langue étroite de terre. — Forteresse où nous arrivons à 10 heures et demie. La sentinelle, sur le mur, près de sa guérite, nous crie de nous arrêter ; deux chiens blancs s’avancent sur le pont-levis et hurlent. Au nom de Soliman-Pacha, nous sommes reçus ; l’officier et ses soldats turcs ont les boules les plus pacifiques du monde. Nous déjeunons d’un de nos poulets, sous le passage qui mène à la cour de la forteresse, assis sur des bancs de pierre, c’est un des meilleurs déjeuners de ma vie. Nos bons Turcs admirent nos armes ; on cause guerre,