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nerie se méfie du voyage d’Alexandrie à Beyrout sans savoir pourquoi : « c’est une idée que j’ai » ; je suis inquiet pour lui en ce moment, à cause de ce pressentiment et je voudrais savoir le bateau revenu.) Quant à moi, je sentis un mouvement au ventre qui me déconstipa net ; ce n’était pas de la peur, mais de l’émotion ; il n’y avait pas de danger apparent, c’était l’idée peu gaie de nous perdre la nuit sur les rochers de Malte.

Rentrés à Malte, descendus à l’Hôtel de la Méditerranée (rue Santa Lucia). Nous dînons férocement, nous nous réchauffons, nous nous revêtons. — Sentiment de repos et de force, de brutalité normande et de digestion. — Les maîtres avaient été inquiets la nuit : la povera vapore, la povera vapore, répétait l’hôtesse.......................... — Après le dîner, au coin de la rue Santa Lucia, un jeune gars qui nous accoste en nous disant : « Monsieur, voulez-vous des femmes ? ». Nous ne retrouvons pas ce drôle. — Café ; limonade à la neige, elle venait sans doute de l’Etna. Pour ornement aux murs, des draperies dans le goût de la Restauration.

Le lendemain nous montons sur la terrasse de l’hôtel pour voir le temps qu’il fera. — La mer bleu foncé, encore forte à l’horizon. — Le fils Pélissier avec son bonnet rouge fumant une cigarette, le père Pélissier faisait le sultan dans l’hôtel, et hurlait comme un tigre à propos de l’assaisonnement des mets.

De Cita Lavalette à Cita Vecchia. — Nous montons en calessina pour aller à Cita Vecchia. — Excellente description de cette boîte dans le livre de Maxime, mais la calessina s’augmente de chic