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NOTES DE VOYAGES.

et parmi eux un être de sexe douteux, non so come si fa.

Dimanche matin, 4 novembre. — À 8 heures, embarqués à bord du Nil, capitaine Rey, lieutenant Roux. — Passagers : M. Codrika, consul de France à Manille, sa femme, sa petite fille, son petit garçon ; MM.  Lambrecht et Lagrange, voyageurs dans l’Inde ; M. Pélissier, consul à Tripoli (Barbarie), un fils en tarbouch, une grande fille de 18 ans, ressemblant en laid à Laure Lepoittevin ; un môme en habit de collégien. Aux secondes, des perruquiers, miroitiers, doreurs, etc., menés à Abbas-Pacha avec un gros chien, sous la conduite d’un mamamouchi en tarbouch ; ils venaient souvent s’asseoir aux premières et nous assommaient de leurs discours. — « Crème diamenteuse ».

En partant, forte brise, nous dansons. — M. Codrika, assis sur un banc avec sa femme. — L’étourdissement me prend vers le château d’If ; j’avale un verre de rhum, que je ne tarde pas à vomir, et je rentre dans ma cabine, où je reste toute la journée sans bouger, dans un état de torpeur.

Le lundi, mieux, quoique sans appétit. Le soir nous passons les bouches de Bonifacio. Roux est sur la passerelle et commande.

Il y avait à bord un grand comique ; aux heures des repas il se condensait : la rivalité du Dr  Barthélemy, bel homme, et de Borelli, second lieutenant, assez lourde bête, chauve, provençale. — Le commissaire, grand pion, en redingote grise, avec la vérole dans l’oreille. Le capitaine Rey, avec son œil fermé, laissait tout dire et tout faire. Cette petite vie étroite semblait plus étroite en-