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NOTES DE VOYAGES.

Paris. — J’ai respiré largement sur le boulevard, dans la rue de Rivoli surtout. Quelle en était la cause  ? Sont-ce les lieux où nous avons le plus souffert que nous préférons aux autres (où ai-je lu cette pensée  ?) ou bien était-ce effet d’optique sur le passé  ?

Visite aux Champs-Élysées : en régie comme autrefois  ; le cirque, les arbres, les voitures. J’ai savouré le luxe avec plaisir, comme un homme qui a passé la nuit au corps de garde s’étend, la nuit suivante, avec joie, sur son lit mollet et s’étonne de trouver si bonnes des choses si simples.

Quand nous pensons à quelque événement futur, nous le plaçons dans les lieux où nous le rêvons dans les conditions présentes, et quand il arrive nous sommes tout dépaysés.

 

Nogent. — Troyes. — Couvent : haine de ce qui restreint, émotion de la liberté.

Bourgogne. — Terrains rouges, gras, plats  ; petites collines.

Dijon. — Pas eu le temps de voir la maison de ce brave Tavannes, mais j’ai vu un reste de l’église où il a été enterré. — Au musée, la figure du conseiller de Bourgogne, pâle, maigre, froide, méchante, mais mélancolique au fond, impassible et jaunâtre  ; chaperon à bords relevés, chape raide et dorée sur les épaules.

Nuits. — Clos-Vougeot à gauche. — Maison de Bossuet, salle à manger puante et humide.

Chalons
Le lendemain matin, bateau à vapeur

Arrivée à Lyon. — Pluie. — Hôtel de l’Europe : grands plafonds peints. — L’après-midi,