Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
NOTES DE VOYAGES.

frère de l’hôtelière du Simplon. — Les trois idiotes, pantomime quand je leur ai donné de l’argent. — Expression. — Une figure carrée, nez camus, goitre. — Elles me faisaient des signes d’amitié, passaient leur main sur leur visage. — J’estime les fous et les animaux ; est-ce parce qu’ils sentent que je les comprends et que j’entre dans leur monde ?

Martigny. — M. et Mme Bonsor. — Marchandes d’objets en bois, sales, mal peignées, costumes de Berne, garces d’aspiration dans leur petite ville. Une guitare, un recueil de vers et peut-être un roman (les 2 autres vol.) sur leur sopha. — Cascade sur le bord de la route à gauche, des effluvions de gazes blanches se précipitant et se laissant envoler au vent, argent vaporeux. C’est là qu’autrefois la fée suspendue dans les airs baignait ses pieds d’albâtre. Le bruit de la cascade n’est pas celui du torrent, le bruit du fleuve n’est pas celui du lac ; ils se marient tous ensemble et jouent l’éternelle partition. Je me suis rappelé le bruit des cascades de la vallée du Lis et j’ai repensé à mes guides des Pyrénées.

Saint-Maurice. — Vieille idiote aveugle, priant avec ferveur, figure pâle et flétrie ; elle demandait le chanoine. Où était le chanoine ?

Chillon. — Tourelles, au bord du lac. On traverse deux pièces, une grande et une petite, voûtées, presque souterraines, à colonnes de lourd gothique, avant d’arriver à celle du prisonnier. — Anneau à 1 pied de terre. Tout autour le roc est usé par les pas qu’il a faits en tournant dans le même demi-cercle. Autre anneau à un autre pilier pour un de ses frères. — Le nom de Byron est