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NOTES DE VOYAGES.

Ismaël se cache les yeux avec ses poings. — Une Vierge, du Guide : les yeux et le front ! l’enfant est laid, comme partout. (Le Christ à l’état de bambino est peut-être en dehors des proportions de l’art ; la Divinité a du mal à s’exprimer par le symbole de la faiblesse, étant une chose fausse humainement parlant, comment exprimer par un extérieur normal une abstraction insaisissable ? l’art ne peut montrer des miracles, c’est-à-dire le désaccord de l’idée et de la forme, à plus forte raison ceux qui ne sont pas tangibles.) — Tête de moine endormi, de Velasquez. — Des Amours dansants, de l’Albane. L’Albane me semble avoir été un des aïeuls du rococo. — Un portrait d’homme, par Hals, figure blanche, chevelure noire.

Esther et Assuérus, de Miéris : main trop longue. Esther : les deux femmes qui la soutiennent, surtout celle du côté gauche, grande, seins abondants presque nus, pose théâtrale et magnifique, tête ornée ; Assuérus se lève de son trône et s’avance vers la reine évanouie. Tapis turc colorié. Au fond, deux gardes. La suivante fait penser à Georges, dans ses belles poses.

Milan est la transition entre l’Italie et l’Autriche. — Luxe et beauté des équipages roulant sur les dalles unies des rues. On ne rencontre pas de sales voitures, mais le barbare se trahit par le domestique ; ce n’est plus l’élégance parisienne. — Réunion dans le Jardin public. La musique des régiments est ici meilleure que celle de la plupart de nos orchestres. — Costumes différents des régiments, pantalons bleus collants de la garde hongroise.