Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est couvert en bois, jadis c’était peint en bleu avec des étoiles d’or ; huit colonnes de porphyre badigeonnées, quatre de chaque côté ; trois ont des chapiteaux presque corinthiens, deux autres sont de simples tailloirs ; le huitième a des espèces de pointes rangées symétriquement en cercles.

Au fond du chœur, fenêtre carrée à barreaux de fer ; une vigne passait à travers, pénétrée de soleil. — Deux ou trois tombes de grands maîtres, beaucoup sont absentes, presque toutes fort endommagées. — C’est maintenant une mosquée, et mosquée peu respectée à en juger par le sans-façon dont on la traite. — La Keblah et le Nimbar sont à droite. — Nous étions entrés par une porte latérale, nous sommes sortis par la porte principale, au bout de la nef ; elle est en bois et ornée encore de trèfles et de fleuronnements. Deux sièges à la porte, devant les marches : l’un est un chapiteau corinthien en marbre blanc, l’autre un petit autel à sacrifices entouré de guirlandes, porté par des têtes de bœufs. — Il y avait deux Anglais dans l’église, l’un peignait et l’autre grattait des inscriptions. J’ai retrouvé le premier (ancien officier de marine militaire) dans la diligence de Como à Lugano.

Pendant que Max prenait des notes dans l’église, j’étais devant, sur la petite place. Deux femmes turques, voilées, montaient la rue, une de chaque côté, sur l’espèce de petit trottoir creusé par les pas des passants qui borde les maisons ; il faisait silence, le ciel était couvert. La première était en vert, l’autre en bleu, toutes deux en yamak blanc, toutes deux âgées ; celle qui était habillée en vert était grosse et s’est retournée plu-