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dors sous la tente, seul et me concentrant dans mon petit confortable.

Vendredi 20. — Sassetti me paraît assez malade, il a vomi plusieurs fois, je le purge. Le supérieur est éreinté par sa retraite. J’ai les jambes entourées de compresses d’eau blanche, je suis seul sous la tente, les mouches bourdonnent, le soleil brille. Où est Maxime maintenant ?

Aden, 10 h. ½ du matin.

Dans l’après-midi, Sassetti va plus mal. Visite du médecin carmélite, grand Italien maigre ; il le saigne. Vers 5 heures du soir, j’envoie Abou-Issa chercher Suquet à Beyrout. Soirée d’inquiétude à l’occasion de Sassetti.

Le samedi matin, mieux. Visite du frère carmélite. Maxime arrive à midi un quart, tout botté, tout étonné, tout échigné. Entre autres nouvelles rapportées de Beyrout, il m’apprend celle de la mort de Louis-Philippe. Le soir, avec le supérieur, nous faisons une visite au sheik, auquel nous remettons une lettre du Père Hazard.

Dimanche. — Sassetti est repris de la fièvre. À 5 heures, nous partons pour les cèdres. Nous suivons le versant de la montagne du côté d’Aden ; à 8 heures et demie nous sommes aux cèdres. Il en reste peu, mais éreintés et de taille moyenne pour des cèdres ; et puis ils sont écrasés, comme hauteur par les montagnes voisines. Il y a cependant quelques vieux troncs respectables, mais dont les branches sont mortes ; dans quelques années les cèdres n’existeront plus. Quelques-uns couverts de noms, celui de Lamartine effacé par un homme de l’ordre quelconque. Sous les