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lequel est divisé là en deux branches : ça fait quantité de petits ruisseaux, le tout faisant de grands petits bruits d’eaux et étant très clair. Mon cheval essaie à boire, mais son mors le gêne, ce n’est pas assez profond. Nos hommes se couchent à plat ventre et boivent.

On commence à monter de nouveau, il fait plus raide, les arbres peu à peu sont plus écartés les uns des autres et plus petits, il y en a une quantité incroyable de morts. — Le chemin, très peuplé, du reste, devient exécrable et l’on est obligé de hisser le cheval d’Abou-Ali, qui menace de crever de fatigue dans la montagne, cela ne nous promet pas poires molles pour notre bagage qui commence, malgré tout le mal que je me donne, à se diviser et à traîner joliment la patte. Quoique, de loin, le terrain sur lequel nous marchons maintenant semble complètement privé de végétation, il y en a quelque peu ; çà et là un petit buisson entre les cailloux blancs et la terre grise. Le ciel renforce son bleu et la plaine se lève tout doucement vers Baalbek, faisant suite, comme mouvement, à l’inclinaison des dernières chaînes de l’Anti-Liban. Je cherche des yeux la neige que j’avais vue ces jours derniers, il y en a un peu à ma droite, à trois portées de fusil.

Sassetti est pris par le froid et la fatigue, les mulets vont un train déplorable ou mieux ne vont presque point.

La vue s’agrandit, dans quelques instants je serai au haut du Liban. Verrai-je la mer de l’autre côté ? La route tourne et contourne un mamelon et par une entrée assez étroite (qui se trouve à droite sous vous, lorsqu’on est au sommet) j’entre