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du soir, je regarde les étoiles et trois feux de pasteurs allumés dans la plaine. Nuit froide.

Samedi 14. — Partis à 6 heures du matin, au jour levant. Nous marchons pendant six heures dans cette grande plaine de Bequaa, entre le Liban à gauche et l’Anti-Liban à droite. Les teintes blondes et bleues dominent. Le Liban est d’une ravissante couleur azur grise, l’Anti-Liban presque noir et dans l’ombre. Quand nous nous sommes levés, toute la plaine était noyée dans le brouillard, cela ressemblait à un grand lac de lait fluide, entre les deux montagnes ; peu à peu ça s’est séparé en vapeurs longues qui ont baissé, laissant, au fur et à mesure, plus du sommet de la montagne à découvert, jusqu’à ce que, s’abaissant jusque sur le sol, cette fumée blanche a disparu en gazes séparées. À notre gauche, dans les creux de la montagne, vallons du Liban ; nous voyons quelques petits villages : Malaka, Kurby, Tallin. Sur le sol inculte, herbes sèches et petits chardons ; au milieu de la route, cours d’eau. Monticule sur lequel nous montons et que les mulets tournent. À notre gauche, quelques grandes tentes de Bédouins, tentes noires et carrées, creuses au milieu par l’inflexion du poids de la toile supportée par des bâtons. — Des dromadaires épars dans les blondes herbes sèches épineuses et broutant ; ils sont gardés par un Bédouin, à pied, à côté de son cheval blanc tout sellé.

Baalbeck. — À 11 heures et demie, nous partons en avant tous les trois, pour choisir la place de notre campement, à 500 pas de Baalbeck, petit temple rond supporté par des colonnes ; le bleu du ciel et la vue du Liban à travers. Nous tournons