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de rochers et de verdure ; au milieu, une hyène morte, aux trois quarts rongée, sur la route. — Caravane de moucres et d’ânes, qui encombrent les nôtres. — Quelques sommets dans l’ombre, d’autres déjà éclairés du soleil levant et bleus ; froid dans nos culottes de nankin. — La gorge cesse un moment et reprend. — Soldats irréguliers. — Les notes ne peuvent, hélas ! rien dire quant à la couleur des terrains qui souvent, quoique voisins et pareils, sont de couleurs toutes différentes ; ainsi une montagne bleue, et une noire à côté, et pourtant ce n’est ni du bleu, ni du noir !

À 10 heures, station et sieste dans un gourbi, en face de Medjdel, assis au pied du Liban, qui me paraît gris, recouvert très fortement de bleu et pointillé de glacis violets ; à droite, une grande plaine qui nous est presque cachée par la base de l’Anti-Liban, que nous venons de quitter. — Belles grappes de raisin mangées sous le toit à jour de plantes épineuses sèches. — Soldat d’Orfa avec des bas de laine de couleur rayée ; Joseph le relance de ce qu’il a touché à mon fusil. — Les moucres à ânes que nous avons dépassés arrivent dans le gourbi et achètent du raisin. Parmi eux, une espèce de bardache pâle, à ample pantalon vert et à large c.. — Pantalon du maître du logis, brodé sur les poches, jusque plus bas que les genoux, sur le devant et sur le derrière. — Grande plaine en plein soleil, belle route. En face de nous, un peu à gauche, au pied du Liban, la longue ligne verte de la vallée de Sachle.

À 2 heures et demie de route, un pont. Nous entrons sous les arbres, l’eau coule sur le chemin.