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combres de Jérusalem, avaient chassé devant eux un chien ; à ses mouvements de bras et à ses grimaces je suivais la narration d’un bout à l’autre.

La grosse femme juive que nous avons vue lundi dernier ressemble à Flore, des Variétés : le front rasé, les sourcils amincis par le rasoir et peints ; beaucoup de rides autour des yeux, l’air bon et aimable, regardant de haut en bas, montée sur ses patins incrustés de petits carrés de nacre, et tendant son gros ventre en avant. Il y avait là aussi une vieille femme maigre, qui avait de chaque côté de la figure, à la place de cheveux, des plumes d’autruche. Elles travaillaient dans la cour, sous la galerie extérieure. — Chichehs, narguileh. — Une servante d’Abyssinie, maigre, alerte, le nez percé.

Comme cour intérieure et verdure, ce que nous avons vu de mieux, c’est la cour de notre hôtel avec ses pampres et ses lauriers-roses ; la cour des autres maisons nous a paru, sous ce rapport, un peu sèche ; dans toutes, un bassin au milieu. Les appartements les plus beaux sont au rez-de-chaussée, la plupart non meublés. — Emploi de morceaux des miroirs entre les arabesques des boiseries, systèmes de croisillons cloués sur la porte, idem pour les volets des fenêtres ; les poutrelles du plafond, conservant encore la forme de troncs d’arbres, sont peintes en bleu, en vert, relevé d’étoiles d’or, ou de raies ; à quelques plafonds aussi, une espèce de cul-de-lampe polygonique, en morceaux de miroir, qui fait rosace au milieu du plafond. Dans toutes les chambres, à très peu d’exceptions près, un bassin, vasque en marbre de différentes couleurs, pavé de mosaïque.