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VOYAGE EN FAMILLE.

cela résonnait sous la voûte dorée de l’Annonciata.

À Gênes, j’aimais à aller dans les églises. — Église que je croyais être celle de Carignan, où j’ai entendu les vêpres ; il n’y avait guère que les femmes avec leurs longs voiles blancs. — Grand soleil sur la place. — Au portail étaient les chaises. — Chaisière : robe d’indienne bleue, gros camée aux oreilles, robe courte, bottines de joueuse de guitare, en cuir mal ciré et craquant, mouvement de hanche, activité ; autre, grosse, suant, teton ballottant dans sa robe lâche et cependant dessinante.

Pont de Carignan. — Église de Carignan ne m’a pas fait tant de plaisir. — Pluie. — Dans le quartier de Carignan petites rues étroites, serpentantes et tournantes pour descendre jusqu’en bas.

Ces remparts font le tour de la ville, le chemin d’enceinte longe le bord de la ville. Quelle mer ! on la voit parfois dans les percées de ces rues noires et humides. — Dames laides et excitantes (par la réflexion) dans une de ces rues, parallèles à la mer, et que je n’ai pas pu retrouver.

Grotte de Sestri : le mauvais italien s’y étale et doit s’y complaire.

Première promenade à cheval, sur les hauteurs, par le soleil ; ç’a été la plus belle journée de mon voyage. — Palais Durazzo à côté des Tuescini : grand bassin de marbre, avec son cygne méchant ; camélias en pleine terre, cascade murmurante sur l’herbe ; le jardin à l’anglaise. À Nice et dans tout le Midi l’art des jardins est dans l’enfance ; ici on retrouve le goût aristocratique des patriciens. Cela