Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Iaabed. Avant d’y arriver, quand on domine le vallon, c’est comme un océan de pierres. S’il n’y avait çà et là un peu de terre entre elles, tout serait pierreux. Oliviers, champs clos par des murs de pierres sèches, ça rappelle quelques aspects du bas de la montagne du Carmel, et plutôt celle d’Abou-Gousch.

Sassur, forteresse, à gauche, sur une hauteur, au milieu d’une grande plaine.

Rabatijh. — Village blanc, sec, poudreux ; nos moucres ne savent pas quel chemin prendre dans le village. Les habitants ont fort mauvaise mine, les enfants nous insultent : « chien de chrétien, que Dieu vous brûle, vous tue, etc. ». Nous passons lestement, non sans avoir remarqué que trois hommes ont pris leurs fusils et marchent devant nous. Un bois d’oliviers, le terrain monte. Avant le premier village, lentisques où sont appendues des guenilles, nous y mettons des crins de nos chevaux. Quelques buissons ; là, nous perdons nos trois gaillards de vue. « Préparez vos armes ». Nous tournons dans des défilés. — Précaution de nos moucres qui ont trouvé que c’était un meilleur chemin que de passer sur la hauteur. — Fontaine avec un troupeau de chèvres ; quelques chiens aboient.

Djenin. — Campés comme la veille sous un mûrier. Mosquée au milieu de la verdure, large paysage tout alentour. — Les campagnes d’Israël. — Le gouverneur, gros blondin, assis sur une natte à sa porte, chef militaire à barbe noire, nez crochu, yeux bons et vifs, frottés d’eau de rose ; veston rouge à raie noire. — Courte promenade dans Djenin où il n’y a rien à voir qu’un chien qui