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des Hébreux). — Avant de dîner nous sortons dans le bois environnant, le jour baisse, les montagnes d’en face ont des bosses et des creux, ce qui fait des rondelles d’ombre et des points de lumière ; ailleurs elles ont des coupes métalliques et comme des facettes régulièrement taillées en long ; plus loin, c’est un incendie rose, violet, terre de Sienne ; le ciel est blanc, c’est ce qu’il y a de plus pâle dans toute la vue. — Nous cueillons de la menthe à de grosses touffes qui embaument.

Jeune femme, les joues un peu bouffies, vêtue en bleu, les cheveux tressés autour du visage. — J’ai du mal à dîner, à cause d’une légion de petits chats qui nous assaillent, Joseph et Sassetti sont obligés de faire la garde avec des bâtons pour les écarter. Les chacals piaulent d’une façon aigre, ils sont à dix pas de la forteresse ; quelques chiens y répondent. La lune se lève dans le Sud, du côté de la mer Morte ; dans la direction de Jérusalem, une étoile casse-brille, elle disparaît bientôt. Nous sommes accoudés sur le créneau, peu à peu tout s’apaise, les soldats (bigarrure) causent moins haut, nous nous couchons.

Le lendemain samedi, au milieu d’une escorte qui piaffe et fait fantasia, nous partons pour le Jourdain, à cinq heures et demie. Pendant une heure nous allons à travers des bouquets d’arbres épineux, comme la veille. — Sanglier cru éléphant ou hippopotame par Maxime. — Hanna, attaqué de la fièvre, rentre à Jéricho.

Le Jourdain. — Eau grisaille, couleur lentille, saules qui retombent en touffes. Nous sommes arrêtés à un coude de la rivière ; à notre gauche,