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Terre-Sainte commence, ils sont au bas de la montagne et sur la pente ; on a vu ça dans les vieilles histoires saintes. Je songe à Chateaubriand en Palestine, à Jésus-Christ qui marchait nu-pieds par ces routes. — Arrivés au monastère à midi environ, il fait grand vent ; devant le couvent, jardin potager avec une petite pyramide au milieu, elle indique les restes des Français à Saint-Jean-d’Acre, pendant l’expédition de Bonaparte.

Mont-Carmel. — Samedi 3 août 1850, 9 heures et demie du soir. — Le couvent, grande bâtisse blanche. — Église en dôme, fortifiée ; il y a même des moucharabiehs dissimulés. — Rien de curieux, ça sent le couvent moderne, le Sacré-Cœur, c’est propre et froid, rien de vrai. Comme ça contrarie le sens religieux de l’endroit ! que c’est peu le Carmel quoique ce soit au Carmel ! Au-dessous du chœur de l’église, grotte d’Élie. — Le Père Charles, le Père hospitalier. — Sieste, pris nos notes, dîner. — Max copie les plus belles choses des voyageurs dans le livre.

Dimanche 4, visité le couvent. — Un capitaine marchand, marseillais, avec son gamin. — Partis à 9 heures jusqu’à Castel-Pelegrino, au bord de la mer, dans des sables tirants.

Castel-Pelegrino. — Ruine d’un effet charmant et terrible. Quels gars que les croisés ! quelles poitrines et quels bras ça avait ! C’est maçonné comme le Château-Gaillard, qui est de la même époque (3e croisade, Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion), seulement la maçonnerie de galets et de mortier est recouverte de pierres de taille. Un grand pan de mur, du côté du Carmel, encore debout tout droit ; de ce côté une petite tour