Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressemblent à de la lavande ; les arbres du côté de la mer sont courbés et rasés par le vent.

En sortant de la ville, tour carrée, enfoncée dans la verdure ; le soleil n’est pas encore levé, c’est d’un ton dur et verdâtre ; la tour est carrée, ronde sur ses angles, les fenêtres vont s’élargissant de l’intérieur à l’extérieur. Un escalier conduisait à l’entrée de la tour, on n’y peut monter, il y a brèche entre lui et la tour. — En fait de vasques de Salomon (nous tournons autour d’un clos sans savoir pourquoi, cheval de Joseph), je vois une grande auge carrée, mais c’est un assemblage de moulins, de bruit d’eau, de cabanes et de verdure accoudés à un déval de terrain. — Nous sommes joints par un jeune homme en veste verte, à nez cambré comme M. de Radepont, et à yeux noirs, qui me paraît beau de loin et assez laid de près, monté sur un cheval, à la turque avec un tapis sur la selle. — L’ancienne voie reparaît par places ; elle est droite, tirée au cordeau et de la largeur d’une grande route de troisième classe ; nos chevaux trébuchent sur ces grosses pierres. À gauche pente qui monte, à droite pente qui descend ; rochers parmi la verdure ou verdure parmi les rochers ; les fleurs violettes de la veille, caroubiers, etc. — On monte. — Djebel El-Abbiat (cap blanc). — Chemin ardu, la corniche en grand, on monte, on monte, les chevaux donnent de grands coups de reins ; on donne en plein sur la mer. Grandes marches naturelles, comme d’un escalier, ça tourne quelquefois. On aperçoit tout à coup la mer entre les deux oreilles de son cheval, à quelques centaines de pieds au-dessous de soi. Comme c’est beau ! La descente est plus diffi-