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barques augmente peu à peu, et, successivement, Rhoda, Giseh, le conac jaune de Soliman-Pacha, le palais de la grande princesse Boulak ; nous voilà revenus.

Le Caire. — Je vais de Boulak au Caire à pied, je rencontre Brochier dans la rue de l’hôtel. Le Caire m’a paru vide et silencieux, impression pareille à celle que l’on a lorsqu’on descend de diligence et qu’on se trouve tout à coup seul, désœuvré, dans un hôtel. Je défais les cantines et les range. — Courses au consulat pour les lettres, paquet de lettres. — Catastrophe galante de Maxime ! — Dîner, la table est mise près du jardin. — M. Rochasse. — Daguerréotypes, le soir. — La nuit, regret énorme du voyage et du bruit des avirons tombant en cadence dans l’eau ! Pauvre cange ! oui, pauvre cange, où es-tu maintenant ? qu’est-ce qui marche sur tes planches ?

Mercredi 26. — Visites. — Dîner à Boulak, chez raïs Fergalli ; le petit Khalill en gilet de soie nous sert ; nous dînons dans une salle basse, un peu obscure, ayant des carreaux dans l’angle du fond, à gauche, en entrant. — Luxe de pains. — Caractère patriarcal du raïs Fergalli.

Le soir, à l’Esbekieh, musique. — Lambert-bey et Batissier.

De toute la semaine, rien ! le soir les musiciens maltais de l’Esbekieh, « etni chicheh » crié par un grand Nubien qui court en les portant : « Cawadja iousef, etni chicheh ». — Conversation de Lambert, discussions esthétiques et humanitaires avec Lambert sur la théorie de l’art. — Histoire du cheval de Kosrew-bey et de Sassetti. — Visite à Linant-bey, jardin embaumant au fond, avec Lubert