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comme si l’on portait dessus cent quintaux ; l’impression de terreur et d’étrangeté y est peut-être pour beaucoup.

Ce voyage a duré pour moi trois quarts d’heure et cinq minutes, trois quarts d’heure juste pour Maxime.

Nous revenons à la cange par un beau et clair temps, le vent frais ; la vue est encore plus belle en descendant la montagne qu’en la montant, on voit sans être obligé de se retourner. À peu près au haut de la montagne, à droite, en montant, trou naturel, carré, au bord duquel se tenait le matin un gros oiseau ; au haut de la montagne, endroit (à droite en descendant) couvert de grosses pierres rondes ressemblant assez à des boulets. Nos matelots disent que c’étaient originairement des pastèques et que Dieu les a changées en pierres. Pourquoi ? parce que ça lui a fait plaisir. Voilà toute la légende.

Hamarna. — Nous arrêtons à Hamarna (non indiqué sur la carte) le jeudi 13 juin, à 5 heures du soir, sur la rive droite.

Palmiers, coude du Nil, deux bateaux qui remontent étant à ma gauche par rapport à la place ou je suis assis. — Trois petites filles passent, assises sur un seul âne, la plus grande à l’arrière, la plus petite sur le garrot, les six jambes ballottent pour faire aller l’âne. — Homme qui passe sur un chameau ; une femme derrière se tient accroupie. — Paysage charmant et d’une largeur tranquille.

Sheik-Abadeh (Antinoé). — Vendredi 14, arrivé à 11 heures du matin.

Énorme et rameux sycomore.