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des comédiens, vieux républicain de 93, s’indigne de la bassesse et de la tyrannie, balle plaisante et énergique. — Dîner chez le docteur ; son moutard ; coucher dans le divan du rez-de-chaussée. — La statue au bas de l’escalier. — Petite négresse dans ses vêtements blancs. — Nous mangeons au premier dans un appartement ouvert donnant sur la cour. Bonne et cordiale hospitalité ; nous nous quittons le dimanche matin, nous ne partons du mouillage de Siout que le soir.

Lundi et mardi, temps exécrable.

Mercredi 12. — Arrivés à 6 heures du matin à Chegueg gu’il, d’où nous partons pour visiter les grottes de Samoun ou grottes des Crocodiles.

Grottes de Samoun. — Nous allons à âne jusqu’au pied de la montagne, que nous montons obliquement. Vue splendide du Nil et d’une immense étendue de terre, paysage plat sans incidents, beau par son étendue et ayant pour premiers plans les dévals de la montagne. — Un peu de désert. — Mouvement de terrain, léger. — Un trou dans lequel on descend ; il faut marcher sur les genoux. C’est du sable, bientôt ce n’est plus que de la pierre ; les pierres anguleuses sont grasses, mais glissantes. Douleur aux genoux, tout suinte le bitume, on rampe sur la poitrine, atroce fatigue ; seul, on n’irait pas loin, la peur et le découragement vous prendraient. On tourne, on descend, on monte, souvent il faut se glisser de côté pour passer, je suis souvent obligé de me mettre sur le dos et de me glisser à coups de vertèbres comme un serpent. À deux cents pas environ du chantier des momies, cadavre dessé-