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arbre au milieu ; sur nos têtes des nattes trouées, sur les divans de terre sèche quelques Arnautes.

Belianeh, dont je ne vois rien que quelques palmiers. Je renâcle pour Abydos, éreinté que je suis encore par la fièvre, suite de mon voyage de Kosséir. Et puis, franchement, je commence à avoir assez de temples. Mon âne surtout, dont je ne peux rien faire et sur lequel je roule, est pour beaucoup dans le parti que je prends de retourner à bord, où je dors toute la journée.

M. Giorgi Frengi, petit gros homme, à cul lourd, en veste, selle anglaise sur son âne. — Assez agréable de conversation. « C’est un bougre bien adroit », nous disait Fiorani.

Girgeh. — Est dévoré par le Nil. On monte à pic à travers les décombres. Quand on est en haut, on a en face de soi une montagne toute grise et qui s’arrête net ; à droite, le Nil, qui fait un grand coude, et une prairie verte avec des lignes de palmiers ; à gauche, un minaret avec un bouquet de palmiers et une mosquée en ruines, coupée par le milieu et dont on voit de plan les arcades. En se retournant un peu, second minaret et autres palmiers.

La ville jadis était plus grande que Siout, mais elle est en décadence. — Bazar ; vieux marchand à barbe blanche qui nous vend des michmichs. — Nous retrouvons le Polonais de Siout, auquel nous achetons du vin de Chypre pour faire cuire les abricots. — Nous allons chez ces dames où nous restons quelque temps assis sur un cafas, après quoi nous partons. — Une négresse, portant un enfant, avait de gros bracelets d’argent aux pieds, ainsi que la vieille du lieu ; balle affreuse.