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changent brusquement de route et se dirigent vers le Sud. Quelques instants après nous apercevons à travers la nuit quelques masures à ras de terre, autour desquelles dorment des dromadaires, c’est le village de la Gitdta. Il y a là un puits d’eau, bonne pour les chameaux. Une dizaine de huttes informes, composées de pierres sèches amoncelées et de nattes de paille, habitées par les Ababdiehs. Quelques chèvres cherchent un peu d’herbe entre les pierres, des pigeons picorent le reste de la paille des chameaux, des gypaètes se promènent en se dandinant tout autour des masures. On nous refuse du lait. Teton d’une négresse, il lui descendait bien jusqu’au-dessous du nombril, et tellement flasque qu’il n’y avait guère que l’épaisseur des deux peaux ; en se baissant à quatre pattes, il doit certainement traîner à terre.

Nous couchons sur nos couvertures, par terre. À 3 heures, je me réveille, nous partons à 5. D’abord nous marchons pendant une heure à pied.

Au milieu du jour, arrêtés pendant quatre heures à Gamsé-Shems, dans une petite grotte formée par un rocher éboulé, j’y dors couché sur le dos. Quand je lève la main en m’étirant à mon réveil, le vent me la chauffe comme l’exhalaison d’un four, nous sommes obligés d’envelopper les pommeaux de nos selles avec nos mouchoirs. Vers 4 heures du soir, à droite, dans le rocher noir, tableaux hiéroglyphiques surchargés d’inscriptions grecques : sacrifice à Ammon générateur et à Horus. Les montagnes vont se resserrant, nous marchons dans un large couloir. Le soir, belle lune, les ombres des cols de nos chameaux se