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ses enfants et n’a pas rencontré de cawadja aussi aimable.

Deux autres femmes : la première à nez fort, droit, accroupie à gauche ; la deuxième petite, noire, assez jolie de profil, mais dansant fort mal. — Notre vieux musicien et un autre à barbe blanche, escorté de sa femme, vieille qui joue du tambour de basque ; c’est une maîtresse de danse, elle fait des signes à la petite qui danse, et se dépite, marque la mesure, indique le pas. — Physionomie souriante, face carrée comme d’un vieil eunuque blanc. — Elle se met à danser, sa danse est une pantomime dramatique ; nous avons là quelque chose de l’ancienne danse.

Ruchiouk danse. Mouvement du col se détachant, comme Azizeh, et son charmant pas antique, la jambe passant l’une devant l’autre.

Dans sa chambre, au rez-de-chaussée, il y a comme ornement, collées au mur, deux petites étiquettes, l’une qui représente une Renommée jetant des couronnes et une autre couverte d’écritures arabes. Ma moustache l’indigne encore ; puisque j’ai une petite bouche je devrais ne la pas cacher. Nous nous quittons avec promesse de lui venir dire adieu.

Dans la cour, grande canaille, l’œil couvert d’un bandeau et qui tend la main en disant « ruffiano » ; je lui donne trois piastres.

De tout cela il en est résulté une tristesse infinie ; elle s’était, comme le premier jour, frotté les seins avec de l’eau de rose. C’est fini, je ne la reverrai plus, et sa figure, peu à peu, ira s’effaçant dans ma mémoire !

Bazars. — Café où je reste presque tout l’après-midi