Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine si l’on reconnaît les ruines d’un temple qu’il y avait là et que Méhémet-Ali a fait détruire pour bâtir son palais d’Esneh.

À 10 heures, nous sommes partis.

Marché pendant une heure en plein soleil, sur le sol blanc du désert. — Pans de montagnes, cirques immenses. — En allant, nous causons d’Abd-el-Kader et en revenant de la garde nationale de Paris. — Quelques nuages, lumière blanche et fine comme de la poussière ; c’est énorme !

Petit temple d’Athor : têtes à perruques comme au petit temple d’Ipsamboul ; peintures assez bien conservées. À gauche, au fond, grand dieu bleu avec les plumes de pintade (Nilus ? Ammon ?). Autour du temple, marques de pieds au ciseau. Personne n’a encore rien dit là-dessus, et chaque fois que je rencontre ces pieds, je suis ému, c’est trop beau comme témoignage, rien que la marque d’un pied !

Je regarde longtemps une tarentule, avec ses gros yeux verts, qui marchait dans un trou de la porte, à la renverse ; elle avait de gros yeux verts effrayants, on eût dit qu’elle était étonnée de voir deux si grosses choses que nous deux, puis elle est rentrée dans sa cachette.

Autre temple speos en voûte ; on y montait par un escalier. L’intérieur complètement dégradé. Joseph ramasse des crottes de gazelle qui sentent le musc et qui sont bonnes à fumer.

J’aperçois un caméléon tout blanc ; il se réfugie sous une pierre, je la lève, il court sur la terre blanche, Max le tue d’un coup de bâton sur le cou. Le Nil autrefois passait peut-être par la route