Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous sommes armés jusqu’aux dents, de peur des hyènes ; nos ânes trottinent bon pas, un jeune garçon de douze ans environ, charmant de grâce et de prestesse, vêtu d’une grande chemise blanche, court devant nous en portant une lanterne. Le bleu du ciel est tacheté d’étoiles, ce sont presque des feux, ça flambe, vraie nuit d’Orient ! Un Arabe, monté sur un chameau et qui chantait, a débouché à droite, a coupé la route, et s’en allait devant nous.

À Assouan il y a un paquet énorme, mais rien pour moi ; la Gabrielle d’Augier y était, seule chose à mon usage. Du reste, des lettres pour Max et Sassetti : cela m’a semblé très amer. Nous revenons de suite par les villages au bord des cataractes, nos petits guides ayant peur du désert à cause des bêtes féroces.

Jeudi 11. — Notre tente est déposée sur la plage orientale de Philæ, où nous sommes amarrés. — Arrivée inattendue de Mourier et de Villemin en chapeaux blancs, Abdallah (ancien domestique de l’Hôtel Brochier) est avec eux, ainsi que le médecin d’Assouan, qui reste en compagnie des domestiques. — Déjeuner très gaillard, on se quitte à 3 heures. — Promenade de l’autre côté de l’eau, vers le village de Bab ; je monte la montagne, entre dans le santon de Koubet-el-Aouah. Pour poser, je monte au haut de la mosquée de Keleil-Rasoun-Saha. — Mine immense de notre vieux Fergalli expliquant comme quoi il n’entend rien à la photographie et que ce n’est pas son métier.

Vendredi 12 avril. — Descente des cataractes. La cange est chargée de monde, comme pour les