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pour y venir, marques de pieds entaillées sur la pierre ; il y a aussi un pied d’enfant. C’était sans doute un lieu de pèlerinage.

Demyt. — Dans l’après-midi, promenade entre des palmiers et des champs, sur le bord du fleuve. — Une grosse femme.

Debout. — Mercredi matin. Temple. Trois portes encore debout en enfilades. Le temple est fort ruiné ; il n’a pas été achevé, le mur en certains endroits n’est pas encore ciselé, et des carrés de pierres sur les portes attendent que l’on sculpte le globe avec l’uræus. Je reste à l’ombre dans un coin, fouillant le sol avec mon bâton de palmier : j’ai trouvé la moitié du sabot d’une vache. Un petit oiseau blanc à tête et queue noires, descendant du mur qui est derrière moi, est venu se poser tout en face et près de moi ; quand tout le monde a été parti, deux autres sont venus se mettre sur le chapiteau d’une colonne, à gauche.

Avant de nous rembarquer, un sorcier nègre, au nez épaté, nous dit la bonne aventure. Dans un panier plat, plein de sable, il fait des cercles, et de ces cercles partent des lignes qu’il trace avec le doigt. Il me prédit que « je recevrai à Assouan deux lettres, qu’il y a une dame vieille qui pense beaucoup à moi, que j’avais eu l’intention d’emmener ma femme avec moi en voyage, mais que, tout bien décidé, je suis parti seul ; que j’ai à la fois envie de voyager et d’être chez moi, qu’il y a dans mon pays un homme très puissant qui me veut beaucoup de bien, et que de retour dans ma patrie je serai comblé d’honneurs ».

Philae. — Arrivés vers 5 heures du soir.

Je file avec Joseph à Assouan, par le désert.