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d’huile, indiquent les places circonscrites par des courants. Max se jette à l’eau pour aller dans une petite île voisine, à droite ; nous remontons par le ravin de sable.

Grand vent et grande chaleur pour revenir à Wadi-Halfa, la poussière nous abîme les yeux et croque sous les dents, elle colle dans les cils, nous avons soif.

Avant de repasser l’eau pour gagner notre barque, nous visitons des marchands du Sennahar qui sont campés là, en face Wadi-Halfa. — Dents d’éléphant, enfermées dans des peaux blanches qui prennent la forme des dents et toutes leurs marques. Un petit singe maigre et fatigué est attaché à un tronc d’arbre renversé, il boit dans une courge.

Les hommes du Sennahar sont gras, sans musculature saillante ; poitrine développée et seins pointus comme une femme. Ils sont extrêmement noirs, avec des traits caucasiques : nez peu larges, longs, fins, lèvres minces ; le regard n’est ni sémitique ni nègre, il est doux et malicieux ; l’œil est entièrement noir sans que le blanc soit couleur café, comme chez les Nubiens. L’un d’eux a une exostose au front et un autre en a une au poignet.

Dimanche 24 mars, jour des Rameaux. — Parti à 6 heures du matin, en canot, pour la cataracte, avec rais Haçan et trois autres Nubiens de la première cataracte. J’ai avec moi un petit raïs de quatorze ans environ, Mohammed ; il est de couleur jaune, une boucle d’oreille d’argent à l’oreille gauche. Il ramait avec une vigueur pleine de grâce, criait, chantait en passant les courants, menait tout le monde ; ses bras étaient d’un joli style, avec ses