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l’aviron, les femmes noires sont entassées dans des poses différentes ; quelques-unes broient de la farine sur des pierres, avec une pierre, et leur chevelure pend par-dessus elles, comme la longue crinière d’un cheval qui broute à terre. Dans ce mouvement de broiement, leurs seins ballottent avec le catogan de cuir qu’elles ont sur le dos et leur chevelure tressée. — Une mère avec son petit enfant. — On en coiffait une. — Petite fille du plateau de Gondar avec des piastres au front, elle est restée immobile et placide quand Maxime lui a mis le collier de boules de mercure. Toutes ces têtes sont tranquilles, pas d’irritation dans le regard, c’est la normalité de la brute.

Pour avoir encore quelques colliers, le gellab, quand nous sommes partis, a fait sortir de la chambre deux ou trois des mieux ou des plus proches de la porte. Une Abyssinienne, grande, hautaine, se tenait debout, appuyée sur le plat-bord, le poing sur la hanche, et nous regardait nous en aller.

Deuxième barque : le marchand est en turban blanc. Nous nous asseyons sous le tendelet, sur un divan sanglé. On coiffe une femme avec une pointe de porc-épic, on défait ainsi une à une les petites mèches tressées et puis on les refait.

Les gellabs nous proposent de beaux sacs, des courges ; celui du deuxième bateau une sorte de pot à eau en cuir, à deux bras, et que l’on peut porter à l’aide d’une courroie.

Ces femmes sont balafrées de tatouages ; dans la seconde barque il y en avait une qui avait son dos ainsi marqué du haut en bas, ça faisait tout le long des reins des lignes de bourrelets successifs, cica-