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matin, aperçu le premier crocodile, il se tenait sur le sable, au bord de l’eau. Bientôt nous en voyons quelques autres, parmi les arbrisseaux, sur la berge, à gauche. Le raiz se soucie peu de nous descendre, à cause de la mauvaise réputation « de ces parages » où il y a beaucoup de voleurs. Pendant une heure et demie nous chassons vainement les crocodiles glissant et déboulinant dans les herbes.

Samedi 2. — Au milieu du jour, nous voyons plusieurs crocodiles à la pointe d’un îlot. Quand la cange approche, ils se laissent glisser dans l’eau, comme de grosses limaces. Nous marchons sur cet îlot de sable pendant une heure sans rien trouver. Au bout de l’îlot, je tue un petit vautour.

Hamameh. — Le soir, nous mouillons à Hamameh, en face Denderab ; cela devient grand. — Palmiers doums : cet arbre fait penser à un arbre peint. Petit bois, à tournure, avec des hommes en robe bleue, assis au pied, fumant leurs pipes. — Au coucher du soleil, la verdure devient archi-verte (on entre dans une autre nature, le caractère agricole de l’Égypte disparaît), la chaîne arabique est lie de vin, tout le paysage énorme.

Un pêcheur nous propose un crocodile empaillé. — Chien qui hurlait affreusement à son côté. — Nous enjambons plusieurs chadoufs pour aller dans le champ où était le crocodile.

Keneh. — Dimanche matin. — Comme Siout, la ville est à quelque distance du Nil, un bras stagnant du fleuve est au pied des maisons. Mais pour aller de la cange à la ville il faut une demi-heure à pied, vingt minutes en se pressant,