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le dos d’une hyène ; d’autres fois, c’est une falaise blanche toute unie.

Djebel Téïr. — Couvent Copte. Moines à l’eau descendant tout nus de la montagne : « cawadja christiani, batchis, cawadja christiani » ; et les échos dans les grottes répètent « cawadja cawadja ». — Ils entourent le bateau… gueulade, coups de bâton ; Joseph frappe avec ses pinncettes. — Les noms d’Allah et de Mohammed, tohu-bohu de manœuvres, de coups. — Pendant ce moment, une barque nous croise.

À gauche (rive droite), la chaîne arabique se rapproche de nous. Quelquefois elle est inclinée, avec un attique qui règne en haut ; d’autres fois elle est à pic ; généralement elle affecte le profil d’un plateau, son sommet est presque toujours plat.

La chaleur commence.

Souadeh. — Vendredi 22, mouillé le soir à Souadeh. — Lune, bois de palmiers (c’est sur la rive droite, à gauche). Nous nous promenons dans un champ de cannes à sucre, trois matelots nous escortent avec leurs bâtons ; des chiens aboient, des rigoles coulent au pied des cannes à sucre.

De temps à autre, on rencontre une cange qui descend, presque toujours c’est un Anglais. Effet triste : on se croise, on se regarde passer sans rien dire. Sur le bord de l’eau, des échassiers rangés en file ; quand on descend sur la grève, on voit les marques innombrables de leurs longues pattes minces. Dans le ciel, bandes d’oiseaux qui se déploient comme la gigantesque lanière d’un fouet, détachée ; cela va en l’air comme une corde abandonnée, poussée dans le vent.