Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saba-Rahil : le bon padre fait gras par politesse pour nous, et nous en donne la permission. — Plaisanterie de l’hôte sur le padre à ce sujet. Cela me rappelle M. le maire tourmentant M. le curé qu’il invite à dîner le dimanche. Notre hôte cependant faisait maigre. — Sa femme, grosse Syrienne, laide, à bonne figure, enceinte (des œuvres du padre ?). — Il boit à « la republica francesa » ; brave homme, religieux, hospitalier ; ses politesses nous touchent.

Dimanche. — Retour à Benisouëf. — Déjeuner près d’un santon, sous un grand arbre. De pauvres Arabes qui travaillent aux digues par corvée. — Bu, en guise de tasse, dans le long pot en fer-blanc à tabac.

Lundi. — Repos. — Rencontre de la cange de M. Robert et du Polonais qui a habité Neufchâtel. — Grands radeaux faits avec des jarres ballass et que l’on rame avec des baliveaux déracinés. — Nos matelots font venir une p… à bord, qui danse. — Danse dos à dos et tête à tête. — Au soleil couchant, le Nil est tout plat, le ciel rose, la terre noire ; sur le bleu du fleuve une teinte rosée, reflet du ciel ; devant nous, en plein raccourci, arrive une cange, les marins rament en chantant ; toute noire dans la lumière qui l’entoure ; elle aborde près de nous. Au dîner, Joseph se surpasse dans la confection d’un pâté comme il avait fait le matin pour une omelette.

De Benisouëf à Siout. — Les berges du fleuve, souvent, sont à grandes lignes droites les unes sur les autres.

La montagne blanche (charab) est mamelonnée en monticules, qui sont rayés en gris, rayés comme