Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le soir nous mettons pied à terre et nous allons à 20 minutes de là chasser des tourterelles dans un bois de palmiers qui entoure un village. Jeune garçon en turban blanc qui nous suit et nous indique les oiseaux sur les branches, tout en filant au fuseau du coton jaunâtre.

Samedi. — Même mouillage, chasse le matin au même endroit. Vent froid. — Groupes de moutons et de buffles qui passent çà et là entre les palmiers, conduits par un enfant déguenillé ou par une femme ; le vent tord et colle avec furie les vêtements bleus de la fellah. — Silence. — Bientôt le village tout entier marche autour de nous et nous accompagne ; un jeune garçon grimpe au haut d’un palmier dénicher une tourterelle qui s’y était accrochée en tombant. Après le déjeuner, retour au même endroit et plus loin encore dans un autre bouquet de palmiers. Toute la journée nous faisons un effroyable abatis d’oiseaux. Couchés à 7 heures du soir, nous dormons quinze heures.

Dimanche. — Mauvais temps ; restés dans la cange toute la journée ; amarrés un peu plus loin que le village précédent. Un Arabe tenant en laisse les lévriers de Haçan-bey est venu les faire boire à la rivière. — Deux ou trois bateaux là. — Lu de l’Homère, écrit de la Cange.

Lundi. — Le temps se radoucit. Pyramide de Saioué à droite, que je vois le matin. Toute la journée halé à la corde. — Un peu de vent, le Nil est tout plat, nous marchons sur la berge, foulant du beau sable fin. Nous passons l’après-midi à paresser sur le pont ; le soir nous redescendons à terre à gauche, sur la rive droite.