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VOYAGE EN FAMILLE.

et dans une telle atmosphère que Don Juan arrive et se tient caché derrière les colonnes, à regarder les cous penchés, les profils purs inclinés sur le prie-Dieu, respirant la femme et l’encens.

Aux environs d’Arles, vieille forteresse et vieux couvent, sur un grand rocher : broussailles dans les pierres, air arabe de l’architecture. — Conduit là par un petit cheval de la Camargue, ardent et maigre.

Plaine de la Crau. — Froid, plus de soleil, triste.

Salon, fontaine avec ses herbes vertes, platanes. — Route serpentant à travers les vignes et les oliviers. — Cris, réveil à Aix.

Aix — Rien.

Arrivée à Marseille par la pluie. — Hôtel d’Orient. — Dès le soir, à l’Hôtel Riche : tout sombre, plus de lumières, ni de nacre brillant sous le gaz  ; j’ai eu du mal à en trouver la place. — Pluie, temps sombre et froid, comme le dimanche soir que j’en partis… Grand vent à Notre-Dame de la Garde, montées raides et blanches… Après-midi, froid au lieu d’un soleil couchant sur les flots. — La petite rivière où nous nous étions promenés et embarrassés dans les roseaux. (On écrit ses souvenirs pour les mêler à d’autres souvenirs.)

Le Jardin botanique de Marseille est laid. Quelle différence avec ce que m’avait semblé celui de Toulon  !

Sur le port, les femmes n’ont plus leurs bas couleur tabac d’Espagne, leur jupe n’est pas serrée aux hanches, elle est plus longue  ; je ne vois plus le même mouvement déhanché ni la petite fleur