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Les chameaux de la princesse ont aux genouillères des miroirs entourés de colliers de perles, autour du cou un triple collier de sonnettes, sur la tête des bouquets de plumes de couleurs.

Les fenêtres de sa litière sont en forme de hublot de navire et décorées de glaces à l’intérieur.

Les lances des irréguliers sont, au bout de la hampe, décorées d’un hérisson de plumes.

Mercredi, je me promène tout seul dans le Caire, par un beau soleil, dans le quartier compris entre Carameïdan et la porte de Boulak (celle qui est au cœur de l’Esbekieh, à gauche en regardant le nord). Je me perds dans les ruelles et j’arrive à des culs-de-sac. De temps à autre je trouve une place faite par des décombres de maisons ou plutôt par des maisons qui manquent ; des poules picorent, des chats sont sur les murs. — Vie tranquille, chaude et retirée. — Quelques effets de soleil éblouissant, lorsque tout à coup on sort de ces ruelles si resserrées que les auvents des moucharabiehs des maisons entrent les uns dans les autres.

Jeudi 10, rentrée de la caravane de la Mecque, entrée du Tapis.

Nous nous levons matin et nous allons dans la rue, du côté de Bab-el-Foutoun, attendre la caravane. On voit des têtes de femmes aux fenêtres, sous les auvents des moucharabiehs, et qui se voilent dès qu’elles s’aperçoivent qu’on les regarde.

Sur un chameau est assis un homme tout nu jusqu’à la ceinture, qui se dandine en mesure, dervichisant. Les hommes de la cavalerie irrégulière