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long nez d’oiseau de proie, signe distinctif de la race. — Petite sakieh à l’entrée du jardin où est l’obélisque. — L’arbre de la Vierge est dans un autre jardin, sur la droite en arrivant à Matarieh ; c’est comme plusieurs bûches mises de champ du milieu de la réunion desquelles sort un tronc. Le jardin est plein de roses.

Je rentre au Caire, seul, dans un bon état. Le matin, en venant, j’avais vu un ibis blanc picorant dans l’herbe verte à côté des buffles ; quelquefois on en voit de posés sur leur dos ou sur leurs cornes.

Samedi 5. — J’ai traversé le Caire à pied tant on glissait. Tout le long de la route, tantôt je descendais de mon baudet, tout en colère, je faisais quelques cents pas à pied, puis je remontais, et toujours de même. Le jeune Mohammed criait : « Haênbraim aibraim !! » de toute sa force, et Brahim ne venait pas. Nos fouilles auprès de deux piliers carrés de pierre à l’entrée de Matarieh sont infructueuses, nous ne trouvons qu’un gros bardach, un caillou rond et une espèce de bracelet en poterie. — Rentrée au Caire par le désert de Suez. — Le soir à dîner conversation des plus libres.

Dimanche 6 janvier. — Aqueduc de Joseph. Nous passons tout l’après-midi à tirer des oiseaux de proie le long de l’aqueduc de Pharaon. Des chiens blanchâtres, à tournure de loup, à oreilles pointues, hantent ces puants parages ; ils font des trous dans le sable, nids où ils couchent. — Carcasses de chameaux, de chevaux et d’ânes. Il y en a qui ont le museau violet de sang caillé recuit au soleil ; des mères pleines se promènent avec leurs