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place d’or dans le ciel sur lequel se détachent en noir quelques minarets.

Le Caire aux lumières.

Vendredi 28. — Démarches infructueuses pour les renseignements commerciaux. — Visite à l’évêque copte, qui me reçoit dans sa cour, précédé par Haçan qui lui dit : « C’est un cawadja françaou qui voyage par toute la terre pour s’instruire et qui vient vers toi pour causer de ta religion ». Dans un petit jardin de quelques arbres, plate-bande de haute verdure sombre ; un divan treillagé en fait le tour.

L’évêque copte, vieux à barbe blanche, dans sa pelisse, accroupi dans un coin du divan, nu-pieds ; il toussotait. Autour de lui, des livres ; à une certaine distance, trois docteurs en robe noire, plus jeunes, debout, et avec de longues barbes aussi.

Quand il a été fatigué, un autre prêtre a continué. — Haçan, au milieu, debout, les bras croisés dans ses larges manches. — J’avais laissé mon courbach à l’entrée. — Moi assis sur le divan et devisant.

Samedi 29. — À 3 heures de l’après-midi, été à Boulak faire notre première visite à Lambert-bey. — Le soir, vieux bonhomme qui vient chez nous ; il a connu Bonaparte et nous fait la description exacte de sa personne : « petit, sans barbe, la plus belle figure qu’il ait jamais vue, beau comme une femme, avec des cheveux tout jaunes ; il faisait indistinctement l’aumône aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans ». Notre vieux nous dit qu’il s’embête et voudrait bien que nous l’emmenions avec nous dans notre pays. C’est un fumeur d’opium ; le seul effet que cela lui fasse, c’est qu’il