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avec un santon blanc ; au fond, perspective plate, verdure.

Mardi matin 11. — Promenade au bord du lac avec nos fusils sur l’épaule. — Arrivée de Neuville escorté d’une masse de messieurs. Pipe et café, tuée de tourterelles au bord du trou où gît, et sur lui-même, un colosse (Sésostris ?) couché à plat ventre dans l’eau.

Nous montons à cheval, et à travers des champs cultivés, chevauchant par une longue chaussée de terre poussiéreuse, nous nous dirigeons sur les Pyramides de Sakkara. Au pied d’une de ces pyramides, re-rencontre de ces messieurs, ils ont perdu Neuville, dont on entend au loin la fusillade. — Quantité formidable de scorpions. — Des Arabes viennent à nous en nous offrant des crânes jaunis et des planchettes peintes. Le sol semble fait de débris humains ; pour réarranger la bride de mon cheval, mon saïs a pris un fragment d’os. La terre est trouée et mamelonnée par les puits, on monte et descend ; il serait dangereux de galoper dans cette plaine tant elle est effondrée. Des chameaux passent au milieu, avec un enfant noir les conduisant.

Pour avoir des ibis nous descendons dans un puits, puis c’est un couloir dans lequel il faut ramper sur le ventre ; on se traîne sur du sable fin et sur des débris de poterie ; au fond les pots à ibis sont rangés comme des pains de sucre chez un épicier, en tête-bêche.

Hypogée. — On dévale sur le sable par une ouverture étroite : colonnes carrées, enfouies, restes de peinture et d’un beau dessin ; chambres voûtées par des pierres convexes longitudinales ;