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dans de la couleur violette ; on dirait que c’est une de ces eaux si transparentes qu’on ne les voit pas, et les cailloux entourés de cette lumière, glacée sur elle, ont l’air métallique et brillant. Un chacal court et fuit à droite. On les entend glapir à l’approche de la nuit. — Retour à la tente, en passant au pied de la Pyramide de Céphren, qui me paraît démesurée et tout à pic ; ça a l’air d’une falaise, de quelque chose de la nature, d’une montagne qui serait faite comme cela, de je ne sais quoi de terrible qui va vous écraser. C’est au soleil couchant qu’il faut voir les Pyramides.

Dimanche 9 décembre,
8 h. ½ du soir, sous la tente.

Des Pyramides à Memphis. — Lundi 10. Nous longeons le désert, qui s’affaisse et descend sur la vallée. — Soleil, grand air. — Les Pyramides de Sakkara sont plus petites de beaucoup et plus ruinées que celles de Giseh. À Sakkara nous avons perdu les bagages ; je reste au milieu du village, bois de palmier, pendant que Max bat les environs au grand galop pour retrouver nos gens. Quelques Arabes fumaient au pied d’un mur en terre. — Cour entourée d’une palissade de roseaux secs ; des poules çà et là. — Notre saïs en petit bourgeron bleu (il courait les coudes en arrière, comme un oiseau, et la tête en avant), avec le croisé de la corde par-dessus, et coiffé d’un petit turban blanc, promenait au pas mon cheval en sueur. Des Arabes nous remettent sur la route et nous arrivons à Memphis. — Campement sur une sorte de petit cap planté de palmiers, au bord d’un grand étang, restes de l’inondation ; à gauche, maisons échelonnées