Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
VOYAGE EN FAMILLE.

je ne revois pas la grande salle où des habits séchaient et où était le portrait de ce pauvre Chaillot qui ne pouvait plus prendre son petit café, mais en revanche l’escalier et la cour, dont je ne me souvenais pas. — La fille du concierge, beauté grave et distinguée, figure de roman, surtout dans son entourage. — Les murs sont énormément hauts et semblent faits pour étouffer même l’espoir.

De Beaucaire à Nîmes. — Hussards bleus, dont l’un a une mentonnière. — Qu’est devenu le garçon de café qui parlait italien, et l’autre joli cœur, qui allait chercher des raisins dans la corbeille sur la tête d’une fille ? Nous avons pataugé dans la boue, sans réverbère, au lieu d’arriver sur l’impériale d’une diligence par une jolie matinée de soleil. — Le soir, les arènes, sans y entrer.

Le lendemain matin, par un beau soleil. — Le ciel bleu par-dessus les pierres grises. — Je retrouve mon figuier sauvage, mais desséché, sans feuilles. — Il faisait tiède. — Au milieu de l’arène, estrade la dégradant, pour une course de taureaux.

Pont-du-Gard. — Le paysage plus beau ; ceux de Salvator Rosa, noirs et gris. — En y allant, nous avons rencontré des zingaros, tous tête noire, admirablement basanés. — Le vrai bohémien : grand homme barbu, enfants à l’air maudit et marchant à pied à côté des charrettes. Comme nous les regardions avec nos lorgnons, ils ont poussé de grands cris.

La fontaine. — Le Musée d’histoire naturelle : aigle malade, perdrix d’Afrique, la chouette balançant sa tête basse. — Faux diamants de la femme qui nous le montrait.