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sombre, bruyant. — Bazar des parfumeurs. — Rentré pour déjeuner, quatre lettres de ma mère.

Course aux tombeaux des kalifes, entre la levée de terre qui est derrière les portes du Caire et le Mokattam. — Couleur grise de la terre, des tombeaux, des mosquées ; à l’horizon, du côté du désert de Suez, il y a des mouvements de terrain ressemblant à des tentes.

Mosquée de X… (?). — Dans la cour centrale, un arbre chargé d’oiseaux. Nous montons au minaret ; les pierres sont rongées, déchiquetées. Sur les marches du haut, débris d’oiseaux, qui sont venus mourir là, le plus haut qu’ils ont pu, presque dans l’air. De là, j’ai le Caire sous moi ; à droite le désert, avec les chameaux glissant dessus et leur ombre à côté qui les escorte ; en face, au delà des prairies et du Nil, les Pyramides : le Nil est tacheté de voiles blanches, les deux grandes voiles entre-croisées en fichu font ressembler le bateau à une hirondelle volant avec deux immenses ailes. Le ciel est tout bleu, les éperviers tournoient autour de nous ; en bas, bien loin, les hommes tout petits, ils rampent sans bruit. La lumière liquide paraît pénétrer la surface des choses et entrer dedans.

Maxime marchande un collier de corail à une femme, collier à boule de vermeil. Elle allaitait un enfant ; elle s’est cachée pour retirer son collier, par pudeur, mais elle n’en montrait pas moins ses deux « tetons », comme dit le père Ruppel. Le marché n’a pas lieu.

À la tombée du jour, la lumière gris bleu violet pénètre l’atmosphère.

Rentrée dans la ville. — Pipe et café dans un café.